Qu’est-ce qu’on entend par ESG?
C’est la question fondamentale. « Environnement », « Social » et « Gouvernance » représentent le spectre de tout ce qui est possible de faire en matière d’impact pour une entreprise et, donc, pour favoriser une gouvernance que l’on désigne comme responsable. En d’autres termes, l’acronyme ESG représente un ensemble de critères formels d’évaluation du risque et des opportunités liés aux thématiques de développement durable.
Environnement | Social | Gouvernance |
Émissions de GES | Main d’œuvre et diversité | Structure et rôles |
Gestion des déchets | Santé et sécurité | Codes et valeurs (éthique) |
Consommation d’eau | Gestion des clients | Transparence et reporting |
Biodiversité | Communautés | Risques financiers et autres |
On mentionne souvent l’ESG comme ces critères qui sont extra-financiers, en ce sens où ils ne concernent pas le rendement financier ou la profitabilité d’une entreprise, mais considèrent plutôt un grand nombre de facteurs qui auront un impact sur tous ceux et celles qui interagissent d’une manière ou d’une autre avec l’organisation.
RSE ou ESG?
Nous avons parfois tendance à confondre les termes RSE (responsabilité sociale des entreprises) et ESG. En effet, certain·es vous diront que ces deux acronymes partagent beaucoup de choses et qu’ils sont aujourd’hui utilisés pour dire la même chose. Cela dit, le terme RSE est beaucoup plus utilisé en Europe alors que l’acronyme ESG est répandu en Amérique du Nord.
L’ESG devient incontournable, ici et ailleurs
Peu importe le terme utilisé, on constate une explosion de la conversation autour des principes ESG depuis les dernières années, notamment par les médias, mais également par les parties prenantes. En effet, de plus en plus de personnes présentes au cours de la chaîne de valeurs d’une entreprise abordent ces sujets et, avec les années, les principes ESG sont devenus incontournables. Entre 2017 et 2020, le Québec a connu une hausse de 50 % des actifs détenus dans la finance socialement responsable. Néanmoins, du travail reste à faire dans la mesure où nos chiffres démontrent que seulement 22 % des entreprises sondées publient une réelle cible ESG avec des objectifs chiffrés et un plan d’action.
Questionnée par le journaliste Julien Arsenault de La Presse, Geneviève Bouthillier, vice-présidente, moyennes entreprises privées chez CDPQ Placements, a été claire au sujet des attentes du public en matière de gouvernance responsable. « Une entreprise de services-conseils qui n’aurait pas réfléchi à la diversité, l’équité et l’inclusion, cela m’inquiéterait, explique-t-elle. Cette dernière se demande comment cette même entreprise pourrait aller chercher les meilleurs talents si elle n’arrive pas à se préoccuper de son impact sur son environnement. « Si elle a un angle mort sur un des facteurs ESG importants, on va avoir un doute. »
Le plan ESG dans la stratégie d’affaires
Si c’était encore une option dans les dernières années, intégrer des éléments ESG dans une stratégie d’affaires globale est aujourd’hui obligatoire. Pensons notamment à la marque employeur. Encore ici, les chiffres tirés de nos études au Québec sont évocateurs : 82 % des employés disent se sentir personnellement concernés par la protection de l’environnement et 75 % de ceux-ci considèrent important que les entreprises mettent en place des mesures d’équité, de diversité et d’inclusion.
Des donneurs d’ordres comme Microsoft, Rio Tinto, Hydro-Québec et SmartCentres sont des noms parmi tant d’autres d’entreprises qui évaluent la performance ESG de leurs sous-traitants avant de leur confier des travaux de construction et de fabrication, tel que le mentionne un article de La Presse. Afin de nommer un exemple concret au Québec, l’équipe ESG de l’entrepreneur général Pomerleau, un géant de la construction commerciale et industrielle au Québec, est passée de quelques personnes à plus de 40. L’an dernier, le spécialiste de la construction a décidé d’intégrer son rapport ESG à son bilan annuel pour l’exercice financier 2022 – une pratique encore peu répandue en Amérique du Nord.
Pour conclure
Est-ce que l’ESG sera partout, au cours des prochaines années? Les principes environnementaux, sociaux et de gouvernance seront de plus en plus au cœur des débats. Lors d’une entrevue avec Les Affaires, le professeur Étienne St-Jean de l’Université du Québec À Trois-Rivières, soulignait que «plus une PME est établie, plus il y a une force d’inertie, déclare-t-il. Il y a moins d’intérêt à modifier le produit pour répondre à des questions sociales et environnementales. À l’opposé, pour ceux qui lancent une nouvelle entreprise, il y a une nécessité de se distinguer. Amener un produit plus vert ajoute de la valeur.» Surprenant, me direz-vous! Quoi qu’il en soit, les donneurs d’ordres, les investisseurs et les clients continueront de faire pression sur les entreprises afin de faire changer leurs pratiques.
On constate donc qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour passer de l’étape du « discours » à la mise en place d’un réel plan concret.
Pour aller plus loin :
ESG : Concevoir un plan d’action