Comment favoriser l’innovation ?

Technologia : En quelques mots, qu’est-ce que l’innovation et quel est son but ?

Michel Filion : L’OCDE définit l’innovation comme tout nouveau produit ou un nouveau service, ou service amélioré de façon significative, qui est mis en marché ou à disposition d’un public utilisateur. En quelques mots : l’innovation consiste à utiliser notre créativité et, à partir du fruit de cette créativité, modéliser un produit, un service, une réponse à un besoin. Les gens d’affaires s’intéressent à l’innovation parce qu’elle permet d’obtenir une niche dans un marché compétitif et d’en tirer un bénéfice supérieur à la norme le temps que la concurrence s’ajuste!

T : L’amélioration est-ce vraiment de l’innovation ?

Michel Filion : On distingue généralement deux types d’innovation : l’innovation de rupture, où quelque chose de radicalement nouveau est inventé (pensez à la découverte de l’électricité ou au premier iPhone) et l’innovation de rattrapage, où des innovations déjà existantes sont utilisées pour combler le retard de l’organisation (pensez aux fabricants de cellulaires après la sortie de l’iPhone).
Dans tous les cas cela reste de l’innovation, même si l’une est plus spectaculaire que l’autre. Une innovation, même de rattrapage, consiste à prendre les bonnes idées pour orienter les efforts et maximiser les bénéfices.

T : L’innovation concerne-t-elle indifféremment les biens et les services?

Michel Filion : Le processus d’innovation fonctionne aussi bien pour un service que pour un produit. Dans les cas deux cas, il s’agit de transformer une bonne idée en réalité. C’est le même processus qui comprend cinq étapes clés : idéation, invention, prototypage, production et mise en marché. Sachant qu’il y a des va-et-vient, qu’à tout moment on peut revenir en arrière et qu’une nouvelle idée ou une nouvelle contrainte (légale notamment) peut survenir et changer la donne.

T : Est-ce que l’innovation est un processus solitaire ?

Michel Filion : Non. Notre capacité à écouter et collaborer est un accélérateur de nouvelles idées. Et le leader dans l’organisation joue un rôle fondamental, notamment grâce à ses capacités de communications interpersonnelles, afin de générer chez l’autre l’envie de parler. De ces échanges naît l’innovation, car personne n’a toutes les bonnes idées. Parfois, même la mauvaise idée de départ de l’un sera reprise par l’autre, affinée, pour devenir pertinente.

T : Est-ce comme cela que l’on favorise « l’entreprise innovante » ?

Michel Filion : Absolument ! En laissant de l’espace aux autres, en valorisant leur contribution, en permettant les erreurs et les divagations, en acceptant qu’une séance d’idéation ne mène à rien, on augmente les chances de trouver l’Idée avec un grand I, celle qui va faire la différence.

T : Trouver la bonne idée ça peut prendre (beaucoup) de temps. Un temps que les entreprises n’ont pas. Comment font-elles alors pour maintenir leur niveau d’innovation ?

Michel Filion : En effet, en affaires, les entreprises ont besoin de rentabiliser relativement rapidement leurs initiatives. Pour y parvenir il y a des moyens d’accélérer et d’identifier les idées les plus rentables et qui seraient facile à mettre en œuvre dans l’organisation. Les cinq étapes mentionnées plus tôt et quelques autres éléments techniques peuvent faire la différence.

T : Un mot pour conclure ?

Michel Filion : La quête d’innovation peut prendre la forme d’une méthode qui s’acquiert, étape par étape par l’apprentissage et l’entrainement. Les entreprises peuvent favoriser l’innovation en leur sein en s’assurant que les contributions de chacun sont les bienvenues, en acceptant l’incertitude momentanée provoquée par certaines idées. Il convient de nourrir l’appétit pour l’avantage concurrentiel, qu’il s’agisse de PME ou d’entreprises plus grosses. Quelques éléments primordiaux : reconnaître à tous le droit d’être à la même table et de pouvoir prendre la parole ; accepter l’autre dans toutes ses différences (intellectuelles, culturelles, générationnelles, etc.) ; s’assurer que si les étapes précédentes ont réussi, le groupe n'a pas « trop » fusionné, au point de se fermer sur l’extérieur.

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(Photo Matt Ridley pour Uusplash)