Comprendre l'environnement BANI
L'environnement BANI (Brittle, Anxious, Nonlinear, Incomprehensible) décrit le monde actuel caractérisé par sa fragilité, l’anxiété, la non-linéarité et l’incompréhensibilité. Cette nouvelle ère remplace l'ancien paradigme VUCA (Volatile, Uncertain, Complex, Ambiguous), soulignant la nécessité d'une approche différente en matière de gestion et de leadership.
L’acronyme BANI résume la difficulté à anticiper et la fulgurance des événements (confinement et télétravail hier, bureaux hybrides et équilibre travail/personnel aujourd’hui) ainsi que l’état émotionnel des gens. Le retour en arrière n’est pas possible, pas plus que prévoir l’avenir. Les gestionnaires doivent adapter leurs pratiques pour répondre à ces défis.
Défis pour les nouveaux gestionnaires
Les nouveaux gestionnaires doivent naviguer dans un environnement complexe et souvent déroutant. Ils doivent gérer d'anciens collègues, répondre aux attentes de la direction, et s'adapter à des rôles changeants. La clé du succès réside dans le développement de compétences en leadership, la compréhension des besoins de l'équipe, et la définition claire de leur rôle.
L’adaptation des gestionnaires à un environnement BANI :
Brittle/Fragile : toujours prévoir un plan B car rien ne dit que le plan A tiendra la route. L’organisation n’est pas si robuste et stable qu’elle le croit. Ce qui engendre le besoin d’avoir une culture axée sur la collaboration, la transparence et la communication.
Anxious/Anxiogène : on peut se sentir submergé et démuni, surtout si on aime et que l’on se sent bien lorsque tout est sous contrôle. Cela requière de la sensibilité et de l’empathie.
Non linear/non linéarité : garder un œil neuf pour mieux s’adapter car les plans « coulés dans le béton » ne seront que des fardeaux qui ralentissent l’équipe/l’organisation. La non-linéarité c’est l’imprévisibilité. Aux gestionnaires de se détacher de la perception de prévisibilité et de se préparer aux disruptions possibles.
Incompréhensible : pour compenser ce point il faut faire de la place à la transparence et à l’intuition, car il ne sera pas toujours possible de remonter à l’origine des choses avant de prendre une décision. La leçon est que penser comprendre le monde est un leurre.
Peut-être que BANI ne décrit pas tant le monde qui nous entoure, que nous-mêmes….
L'agilité organisationnelle et le Leadership
L'agilité organisationnelle est cruciale pour prospérer dans l'environnement BANI. Elle implique une compréhension systémique, le partage et le développement du leadership, la résilience, l'intelligence collective et émotionnelle, ainsi que la communication efficace. Qui plus est, les gestionnaires doivent adopter des approches flexibles et créatives pour réussir.
L’exemple le plus connu est sans doute Spotify, dont les équipes sont divisées en Squads, Tribes et Guilds pour favoriser la collaboration et l’innovation rapide. À ce sujet voir Agilité : promouvoir une organisation autonome et collaborative
Gérer le changement et l’engagement
Les gestionnaires doivent être capables de gérer efficacement le changement et l’engagement. Cela implique de comprendre la culture organisationnelle, de définir leur style de gestion, et de s'aligner avec les valeurs et les normes de l'organisation. La capacité à s'adapter et à répondre aux besoins changeants des clients est essentielle.
Amazon, par exemple, s’est adapté aux attentes des clients quant à la livraison des biens commandés (Prime et les livraisons rapides), bien que cela se soit malheureusement fait au détriment des conditions de travail, ou encore en diversifiant son activité (solutions infonuagiques avec AWS).
Le travail hybride et à distance
Le travail hybride et à distance présente des défis uniques pour les gestionnaires. Ils doivent développer des compétences pour coordonner et communiquer efficacement dans un environnement virtuel. Cela inclut la gestion des réunions à distance, la collaboration en ligne, et l'adaptation aux différents styles de travail et personnalités.
Microsoft est l’exemple qui vient tout de suite à l’esprit avec le développement d’outils collaboratifs qui pallient les enjeux de la distance, comme Teams…
Stratégies pour les nouveaux gestionnaires
Les nouveaux gestionnaires doivent se concentrer sur plusieurs aspects clés pour réussir :
- Gérer les attentes : comprendre et aligner les attentes avec la direction et l'équipe.
- Développer une pensée systémique : voir au-delà des responsabilités immédiates et comprendre comment avoir de l’influence sur l'organisation dans son ensemble.
- Communication et collaboration : établir des canaux de communication efficaces et favoriser la collaboration au sein de l'équipe.
- Gestion des ressources et des outils : s'assurer que l'équipe dispose des outils et ressources nécessaires pour travailler efficacement, surtout à distance.
- Adaptation à la culture organisationnelle : comprendre et s'adapter à la culture de l'organisation, tout en restant fidèle à son style de gestion personnel.
Conclusion
La gestion et le leadership dans l'environnement BANI exigent une approche flexible, créative et empathique. Les gestionnaires doivent développer des compétences en communication, en résolution de problèmes, et en gestion du changement pour naviguer efficacement dans ce paysage complexe et en constante évolution. La clé du succès réside dans la capacité à s'adapter, à apprendre et à évoluer en tant que leader dans un monde incertain et imprévisible. Un monde dans lequel les gestionnaires jouent un rôle clé, comme le souligne McKinsey[1] :
Les entreprises capables d'exploiter le potentiel des cadres intermédiaires offrent un rendement trois fois plus élevé à leurs actionnaires. Navigateurs, coachs et aimants à talents, dotés à la fois d'une connaissance approfondie de leur métier et d'une compréhension de la stratégie de l'entreprise, les bons gestionnaires intermédiaires savent comment tirer le meilleur parti de leurs collaborateurs. Notamment en fournissant le contexte, les conseils, les outils et la sécurité psychologique qui permettent d'accomplir le travail, tout en lui donnant un sens.
Mais personne ne naît en ayant développé des capacités de gestion. Il incombe aux dirigeants de créer un environnement qui permette aux cadres intermédiaires d’effectuer leur travail avec succès : en investissant dans l'accompagnement et l'enseignement des compétences en matière de leadership, ainsi qu'en responsabilisant, en faisant confiance et, surtout, en valorisant leurs cadres intermédiaires. Les entreprises doivent revaloriser le rôle des cadres intermédiaires : les traiter comme une profession à part entière, avec une rémunération plus élevée, des récompenses en cas de leadership efficace, etc. Avec plus de pouvoir au niveau intermédiaire, les gestionnaires peuvent jouer un rôle vital dans la restructuration organisationnelle que la période actuelle exige.
Pour aller plus loin :
Nouveau gestionnaire : réussir sa transition de collègue à chef