Comprendre l’origine de la bienveillance en milieu de travail
Comme le souligne un article de la Revue Gestion de HEC Montréal, l’essor du néolibéralisme dans les années 60 a favorisé l’individualisme en entreprise, souvent au détriment du bien commun. Cette culture centrée sur la performance individuelle a engendré des conséquences négatives sur la santé des personnes, mais également sur le développement durable des entreprises.
À contre-courant, c’est dans ce contexte que l’on a commencé à parler de « bienveillance au travail », pour réhumaniser les milieux de travail et favoriser un climat organisationnel plus sain.
Définir la bienveillance au travail pour mieux la mettre en pratique
Selon Estelle Morin, professeure au Département de management de HEC Montréal, la bienveillance en entreprise fait référence à l’attention portée au bien-être des individus dans l’exécution de leur travail.
« Cela touche la santé et la sécurité dans leurs trois dimensions : physique, psychologique et sociale. La bienveillance permet aussi d’instaurer le climat de sécurité nécessaire pour que les équipes puissent prendre des initiatives, voire des risques, afin d’améliorer leur efficacité et trouver des solutions innovantes », explique la professeure, qui précise que la bienveillance repose sur le besoin profondément humain de rendre service.
Amy C. Edmondson, chercheuse à la Harvard Business School, associe d’ailleurs la bienveillance à une composante fondamentale : la sécurité psychologique au travail. Dans son livre « The Fearless Organization », elle démontre comment un climat basé sur la confiance permet aux équipes de mieux collaborer.
« Un·e gestionnaire bienveillant·e prendra des décisions et posera des gestes dans l’intérêt des autres », ajoute Marianne Plamondon, CRHA et avocate. Elle renchérit : instaurer une culture organisationnelle bienveillante favorise la confiance à tous les niveaux de l’entreprise.
4 leviers concrets pour instaurer un climat de travail bienveillant
1-Le droit à la déconnexion pour favoriser l'équilibre
Avec la normalisation du télétravail, le respect de la vie personnelle devient un enjeu central. Pour promouvoir un climat bienveillant, les employeurs doivent reconnaître le droit à la déconnexion de leurs équipes.
Instauré en France depuis 2017, le « droit à la déconnexion » encadre l'usage des outils numériques pour respecter les temps de repos, de congé et la vie personnelle. Par exemple une entreprise peut :
- Ajouter une mention dans les courriels internes indiquant que les destinataires ne sont pas tenus de répondre en dehors des heures de travail ;
- Encourager l’évitement de l’envoi de messages non urgents en soirée ou durant les congés.
2-La bienveillance est contagieuse
Le journaliste et chroniqueur Olivier Schmouker mentionne qu’être bienveillant·e, c’est contagieux. Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Californie à San Diego et à Harvard montre que lorsqu’une personne fait preuve de gentillesse envers une autre, cette dernière est alors prédisposée à en faire tout autant envers une tierce personne, favorisant ainsi un cercle vertueux.
3-La reconnaissance renforce l'engagement
Être bienveillant·e crée une bonne ambiance de travail.Une autre étude parue dans The Journal of Personality and Social Psychology montre que les employé·e·s qui reçoivent régulièrement de la gratitude sont plus susceptibles que les autres de faire des efforts discrétionnaires, de bien accueillir les nouvelles recrues et de prendre en charge les tâches de leurs collègues absent·e·s.
4-Les petits gestes bienveillants au quotidien
En entreprise, la bienveillance se manifeste souvent par de simples attentions. Un mot gentil, un remerciement sincère ou un sourire ont un impact sur la perception des relations professionnelles. Comme le mentionne un article dans Les Affaires, ces gestes ont un pouvoir émotionnel fort.
Prenez donc l’habitude de valoriser les actions positives de vos collègues. Cela contribue à créer un environnement de travail humain et respectueux.
Vers une culture d’entreprise fondée sur la coopération
Et si on commençait à penser « collectif » ? Et si on cessait de percevoir le travail comme une constante compétition entre collègues, pour y voir plutôt une opportunité de collaborer pour s’élever en tant qu’organisation? Si des politiques de « performance collective » étaient privilégiées, au lieu d’analyser la performance individuelle, ne serions-nous pas là en train de mettre en place des initiatives favorisant la bienveillance? Voilà une question qui mérite réflexion.
Pour aller plus loin :
Relation professionnelle : adopter une posture bienveillante pour favoriser la collaboration
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