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L’assurance qualité logicielle : Un processus par étape pour de grandes économies

Michel Benoit
L’assurance qualité logicielle : Un processus par étape pour de grandes économies

La qualité est un enjeu majeur pour l’industrie des technologies de l’information, du logiciel et des communications. Pour en discuter, nous avons reçu notre formateur-expert Michel Benoit. Avec lui nous abordons les grandes thématiques actuelles en lien avec l’assurance qualité, l’implantation d’un programme qualité dans les organisations et de quelle manière il est possible d’aborder l’assurance qualité dans nos façons de faire.

Technologia : En premier lieu, qu’est-ce que la qualité?

Michel Benoit : J’aime bien faire une comparaison avec une pomme lorsque l’on parle de la qualité. Lorsque vous êtes dans un supermarché et que vous souhaitez acheter une pomme, vous pouvez sélectionner la grosseur, la forme ou la variété qui vous convient le mieux. Vous êtes également en mesure de valider si cette pomme n’est pas endommagée et, surtout, si elle ne contient pas de vers! Quand vous allez y goûter, vous pourrez constater si votre choix est le bon ou si vous devriez vous procurer une autre pomme lors de votre prochaine visite. C'est la même chose en matière d’assurance qualité logicielle : il peut arriver qu’un logiciel semble parfait à première vue, mais qu’il contienne des erreurs qui peuvent nuire aux processus d’affaires.

 

T : Est-il possible de nous donner un exemple de « qualité » dans le logiciel?

Michel Benoit : Imaginons que je vous présente deux logiciels distincts, qui contiennent des erreurs (« bugs »). Le premier logiciel a 15 bugs et le deuxième en a seulement 2. Lequel de ces logiciels est de meilleure qualité? Avant de répondre on doit d’abord tenir compte du niveau de criticité des bugs en question. Dans le cas présent, le deuxième logiciel contient moins d’erreurs que le premier. Pourtant, si ces erreurs sont fatales pour la bonne mise en marche du logiciel, alors il est pire que le logiciel qui a plus de bugs, mais dont la gravité est moindre.

 

T : La qualité peut-elle dépendre du domaine d’application?

Michel Benoit : Oui, le domaine d’application du logiciel a également un impact sur ce choix entre deux logiciels. De façon très imagée, on ne prendra pas le même type de décision selon que l’on est dans le secteur des jeux vidéo ou dans celui du nucléaire. Les critères de ce que l’on considère comme de la « qualité » peuvent être très variés et différer selon le secteur, le niveau de risque, le niveau de problématique des erreurs, etc.

 

T : Est-ce qu’on vit cela au quotidien, d’une façon ou d’une autre?

Michel Benoit : En tant que consommateur, vous faites de façon régulière des « tests qualité » à votre manière. Saviez-vous que 3 applications sur 4 que l’on télécharge sur nos téléphones intelligents sont supprimées le jour même? En effet, une étude américaine[1] a récemment dévoilé que les principaux facteurs motivant le consommateur à supprimer certaines applications sont la lenteur et la lourdeur d’une application, le nombre de bugs, la pauvreté de l’expérience utilisateur ou la complexité de l’application. La qualité est donc l’un des points de départ de l’expérience client.

 

T : Sachant cela, est-ce qu’il existe un consensus sur ce qu’est la qualité?

Michel Benoit : La plupart des organisations et groupes de recherches autour du monde s’entendent sur le fait que la qualité est un ensemble de caractéristiques, à l’intérieur d’un système, d’une composante ou d’un processus logiciel, qui va permettre de satisfaire à des besoins exprimés (les exigences demandées, implicitement ou explicitement) par le client ou par l’utilisateur. Il ne faut surtout pas perdre de vue qu’une organisation sera jugée sur la qualité des produits et services qu’elle offre à sa clientèle.

 

T : Est-ce que certaines normes de qualité font consensus?

Michel Benoit : Oui, la norme ISO 25000, notamment, qui a été imaginée au début des années 2000. Les critères de qualité ciblés sont l’adéquation fonctionnelle (l’exactitude et la pertinence du logiciel), l’efficience des performances (si le logiciel peut se projeter dans le temps et demeurer attractif), la compatibilité (s’il fonctionne aussi sur mobile, s’il communique efficacement avec les téléphones Apple par exemple), la facilité d’utilisation, la fiabilité, la sécurité, la maintenabilité (s’il est possible d’utiliser le logiciel à d’autres fins que celle initialement prévue) et la portabilité (sa facilité à être installé).

 

T : Les tests de qualité sont donc essentiels, dans tous les processus?

Michel Benoit : L’absence de tests logiciels (ou des tests mal effectués) provoque l’augmentation des coûts de conception, l’allongement des délais de livraison, l’accroissement de la dette technique, la rétroaction tardive des parties prenantes et, au final, l’insatisfaction client. Il est primordial de cibler les bons critères de « qualité » pour votre projet spécifique. Pour toutes ces raisons, les tests font partie du processus de contrôle qualité et ils doivent être effectués en continu.

 

L’assurance qualité est donc un ensemble de processus qui visent à accroître au mieux la qualité d’un produit, étape par étape. Chacune d’entre elles doit être révisée sur une base régulière. Sans oublier que c’est souvent le client qui détermine le niveau de qualité acceptable d’un produit. Quoiqu’il en soit, n’hésitez jamais à multiplier les tests logiciels. S’ils peuvent sembler coûteux, ils sont avant tout un investissement pour éviter des dépenses ultérieures qui seront beaucoup plus significatives en ressources.

 

Pour aller plus loin :

Assurance qualité : savoir intégrer la qualité selon le contexte des projets

 

 

 

 

 

 

 

[1] Adjust E-commerce App Report 2021